Je voudrais vous parler d’un de mes meilleurs amis.

Son métier ? Interprète.

Plutôt doué, il a commencé par apprendre de nombreuses langues.

  • Aux humains, il parle le carolo, namurois, québécquois, provençal, brusseleir, suisse, congolais…

  • Avec les animaux, il est très fort en chien. Il maitrise sans accent le golden retriever.

  • Dans son jardin, il est bilingue salsifis-scorsonère. Mais il m’a confié, pas plus tard que la semaine passée, lorsque nous rafraîchissions le jardin en famille qu’il ne fallait pas essayer d’apprendre le salsifis, c’est beaucoup trop compliqué !

  • Avec les poupées, il parle « pouet-pouet ».

  • Quant à l’humour, il atteint facilement le 4ème degré.

Lorsqu’il soigne quantités de personnes, ses qualités d’interprète sont bien précieuses pour les aider à communiquer avec leur corps.

Quand il compose des chansons pour ses amis, il est Robin des Bois et cupidon à la fois : ses flèches font mouche car il découvre très vite leur trésor caché.

Et s’il entonne les chansons des autres, avec ses amis, c’est lui qui leur indique comment en extraire, en choeur, la beauté.

Un grand homme a dit: “connais-toi toi-même.”

Mon ami a ajouté: “et les autres aussi, pour les revoir plus souvent ».


Le plus grand de tous nous a conseillé de nous aimer l’un l’autre, sans exception. Pensez à quel point ils sont sur la même longueur d’onde mon ami et lui.

Et ne leur parlez pas d’argent, il s’en foutent tous les deux !

Je suis sûr que le jour où il manquera à bord, ses amis se rassembleront nombreux autour de lui pour le remercier, car, en “homme-chef d’orchestre” de la vie, il leur a apporté de précieux ingrédients pour réussir la mystérieuse recette de la relation humaine : une larme d’intimité, du tact à saupoudrer, un rationnel précis, ce qu’il faut de sel, un ou deux symboles universels, une bonne couche de hauteur, un fifrelin de poésie, trois brins de dérision, très épicés bien entendu et autant d’éclats de rires que vous aurez. Faites mijoter le tout sur 5 à la chaleur humaine et vous partagerez avec vos invités un petit festin.

Un autre grand homme nous a un jour permis de comprendre que « le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point ». Et bien lui, mon ami, il s’est fait interprète coeur-raison, c’est un job très difficile.

Ayant développé de pair des qualités physiques remarquables et des compétences pour en surmonter les dangers, il a souvent proposé de former une cordée pour gravir une montagne. Avec combien de proches n’a-t-il pas intimement soudé son destin pour s’aventurer dans de périlleuses extases ?

Parmi les lieux propices à la contemplation, la cime d’une montagne est le « top » pour celui qui voudrait esquisser un trait d’union entre la matière et l’infini, entre le temps et l’éternité. C’est pour ça qu’il nous y emmène volontiers.

Quand il est tombé très malade il y a longtemps, d‘une affection particulièrement sournoise, quel retour d’ascenseur ! Ses amis sont venus nombreux l’aider: ils l’ont écouté, lui ont parlé, plusieurs ont même eu le courage de le secouer. Mais son étoile, je la connais très bien, quel petit bout de femme ! Quelle force d’amour et de fidélité ! C’est elle qui lui a trouvé son ticket pour une nouvelle vie : un bonus de bonheur d’une décennie et demi.

Je ne sais pas où il est aujourd’hui, mais quand je pense que mon ami est aussi… mon papa, je me dis: “quelle chance inouïe de l’avoir comme guide !”

Papilou chez Boulou
    Papilou chez les Boulous
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